La vie de parents n’est pas un long fleuve tranquille. Donc même si votre petit commence à faire ses nuits dès son troisième mois, ne criez pas « Victoire ! » trop rapidement. Les enfants ne sont pas des mignons petits robots préprogrammés. Il y aura plusieurs événements dans la vie de votre petit qui affecteront peut-être son sommeil. Certaines étapes du développement peuvent déclencher une régression du sommeil. Ceux-ci sont par exemple la poussée des dents, la peur de la séparation ainsi que d’autres étapes du développement cognitif, émotionnel ou moteur. Le sommeil d’un enfant se stabilise vers l’âge de deux ans. Il faut un certain temps pour que son sommeil adopte et maintienne une cadence assez régulière.
Une régression du sommeil s’étend sur une période d’une à quatre semaines au cours de laquelle un bébé ou un enfant en bas âge, qui dormait bien, commence à se réveiller soudainement la nuit, ne fait plus de bonnes siestes ou se lève trop tôt le matin sans raison apparente. Les parents se sentent souvent pris au dépourvu et ne s’expliquent pas ces changements. Ils pensaient que les courtes nuits faisaient partie d’une vie antérieure alors que soudainement, tout semble à nouveau chamboulé. Ils sont frustrés et dans l’incompréhension du phénomène car les nuits sont à nouveau interrompues par les pleurs de l’enfant et les siestes ne sont plus aussi calmes qu’avant. Les régressions du sommeil sont réelles et peuvent être un véritable cauchemar pour tous les membres de la famille.
Il existe plusieurs étapes au cours desquelles le sommeil évolue. Par conséquent, il existe des âges clés autour desquels vous pouvez vous attendre à traverser une période plus chaotique. Elles surviennent souvent lorsque de nouvelles aptitudes sont acquises et changent la vision du monde des enfants, au sens figuré comme au sens strict. Imaginez la nouvelle perspective qui s’offre à Bébé la première fois qu’il se hisse debout. Tout lui semble différent de ce point de vue jusque-là inconnu. Chaque petit est unique et il vit au gré de son propre rythme. Espérons qu’Hypnos, le Dieu du sommeil, vous protège le plus possible !
Pour que vous soyez moins pris au dépourvu, vous pouvez prendre ci-après connaissance des âges auxquels les régressions du sommeil sont les plus fréquentes.
La régression à 4 mois
La première régression apparente se produit vers l’âge de quatre mois. Si Bébé dormait bien avant, il peut soudainement avoir un sommeil plus agité, se réveiller plusieurs fois par nuit, faire moins de siestes et son appétit peut changer. La bonne nouvelle est que Bébé grandit et qu’il fait de nombreuses découvertes chaque jour. Il interagit avec le monde environnant. Le petit s’entraîne à développer de nouvelles compétences et il voudrait même s’y atteler la nuit. Assurez-vous donc de lui donner assez d’opportunités en journée pour qu’il puisse s’exercer à rouler pour se retrouver sur le dos par exemple.
La régression à 6 mois
Vers six à sept mois, les enfants qui étaient jusque-là très sociables avec des inconnus, commencent à être intimidés à la vue de personnes qui ne lui sont pas familières. Ils se sentent mal à l’aise dans de nouveaux environnements et recherchent rapidement du réconfort auprès des personnes de confiance. Ils peuvent également se mettre à pleurer lorsque les parents disparaissent de leur champ de vision. Cette angoisse de la séparation est une phase tout à fait normale et essentielle à leur développement. Cela prouve qu’ils prennent conscience qu’ils sont des individus à part entière, qu’ils se développent bien, qu’ils distinguent les figures d’attachement des autres individus. Avant cela, ils pensaient que leurs parents et eux-mêmes formaient une seule et même personne. Certains enfants ne découvrent cette séparation des corps qu’après un an ou ne montrent tout simplement jamais de signes de perturbation. Lorsque cette inquiétude atteint un pic entre le dixième et dix-huitième mois, il n’est pas rare que les enfants réclament en plein milieu de la nuit leurs parents (ou un des parents s’il y a une préférence). Les régressions liées à l’anxiété de la séparation s’observent également après les vacances, la maladie ou un événement déterminant tel que la rentrée à l’école, un déménagement ou l’arrivée d’un autre petit frère ou d’une petite sœur.
Ils peuvent également exprimer leur angoisse liée à l’absence du parent ou à cause du noir qui envahit la chambre pendant la nuit. Ils se sentent en général à nouveau rassurés lorsqu’ils ne sont plus seuls dans la chambre. Si cela vous arrive, pensez à lui parler doucement en vous mettant à sa hauteur. Si vous souhaitez vérifier l’état de votre enfant, allumez la lumière, mais gardez-la tamisée. Caressez de temps en temps son ventre ou son dos sans le prendre dans les bras, le but étant d’éviter le plus possible tout contact physique ou de le sortir de son lit. Veuillez quitter sa chambre dès qu’il s’est calmé.
Afin d’anticiper ou de gérer les épisodes d’anxiété, voici ce que vous pourriez faire :
- En journée, annoncez-lui quand vous allez sortir de son champ de vision, même si ce n’est que pour une petite minute. En lui disant « je reviens » à chaque fois que vous partez, vous lui faites comprendre que chaque départ est suivi par un retour. Il comprend que la séparation n’est pas indéfinie.
- Jouez à cache-cache dans la maison. Grâce à cette activité ludique, il s’habituera à ne pas vous voir pendant un bref moment. Pensez également à jouer à « Coucou, beuh ».
- Lorsque vous sortez de la maison sans lui, la personne qui s’en occupe devra le distraire avec un jeu ou un objet afin qu’il ne focalise pas son attention sur votre départ. Néanmoins, ne quittez pas le domicile sans signaler votre départ. Dites-lui également quand vous prévoyez de rentrer.
- Si vous êtes absent.e le soir, assurez-vous de faire garder votre enfant par une personne qui lui est familière. Je conseille de faire venir cette personne quelques soirs auparavant pour le rituel du soir afin que le petit s’y habitue. Ainsi, il ne sera pas surpris de voir un autre visage que celui de ses parents en cas de réveils nocturnes. Les enfants aiment que les choses soient prévisibles et ne sont pas très fans de surprises. « Coucou, c’est Mamie ! » peut s’avérer inefficace pour rassurer un petit en pleine nuit s’il n’a pas été prévenu de sa présence.
Les enfants uniques et les aînés ont tendance à être plus anxieux. Ils sont plus liés aux parents et craignent que cette unité ne soit rompue. Selon leur interprétation, le sommeil est synonyme de séparation. Lorsqu’un deuxième enfant prend sa place dans la famille, l’aîné comprend plus facilement quel rôle lui est attribué. Il développe alors des comportements adéquats dans ses rapports avec les parents. En général, les plus jeunes enfants craignent moins la séparation, car ils jouissent plus souvent de la présence d’une autre personne (son frère ou sa sœur).
La régression à 9 mois
Vers 9 mois, Bébé adore bouger et se déplacer. À ce stade, la plupart des bébés font de grands progrès physiques. Ils apprennent à ramper et jouissent d’un champ de vision plus étendu en se tenant debout. Lorsqu’un enfant a appris à se mettre debout dans son lit, il n’est pas rare qu’il appelle ses parents à l’aide pour redescendre d’un niveau. Vous pouvez l’assister en journée en appuyant sur l’arrière de ses genoux afin qu’il fléchisse les jambes. Cet apprentissage pourra faire l’objet de petits exercices jusqu’à ce qu’il parvienne à se rasseoir seul. Cela lui permettra de trouver assez d’assurance pendant la nuit pour parvenir à changer de position tout seul.
Le développement du cerveau est également en plein boom à cet âge. Bébé boit vos paroles et se construit un langage. Il peut également vous faire part de sa gêne due à l’apparition de sa première dent. Il est faux de croire que la poussée de dents perturbe toujours le sommeil d’un enfant. Si vous pensez qu’il en souffre, donnez-lui un objet dur à mâchouiller tels qu’un anneau de dentition ou des biscuits de dentition. Des jouets mis au congélateur ne sont pas particulièrement recommandés, car le froid extrême pourrait blesser la bouche du petit et causer de l’inconfort supplémentaire. Le mélange de facteurs perturbateurs pourrait vous amener à vous trouver face à un enfant grincheux qui résiste aux siestes et qui vous tient éveillé jusqu’au bout de la nuit.
La régression à 12 mois
Vers un an, la régression s’observe plutôt au niveau des siestes. L’enfant peut soudainement refuser de faire deux siestes en journée. À cet âge, vous pourriez observer les agissements suivants :
- Il lui faut plus longtemps pour s’endormir ou il se réveille rapidement.
- Votre enfant ne dort pas du tout pendant la sieste matinale.
- La sieste matinale est si longue qu’il ne trouve pas le sommeil l’après-midi.
- Votre enfant est tellement requinqué grâce à la sieste matinale qu’il ne se fatigue que très tard dans l’après-midi.
Beaucoup de parents prennent cela comme un signe que leur petit est prêt à passer de deux siestes à une seule sieste par jour. Cependant, je conseille d’abord de considérer la résistance à la sieste comme étant une régression. Ne supprimez pas la sieste matinale dès que vous observez l’un de ces signaux pour la première fois. Par contre, si vous observez certains de ces indices pendant une, voire deux semaines, vous pourriez passer à l’action. La plupart des enfants en bas âge sont plutôt prêts à passer à une seule sieste par jour entre 15 et 18 mois.
La régression à 18 mois
La régression du sommeil de 18 mois fait souvent parler d’elle. À ce stade, votre bambin grandit, découvre le plaisir de la marche et de la parole. Il commence à s’affirmer et à être animé par un profond sentiment d’indépendance. Il découvre qu’il peut avoir ses propres opinions et les exprime en poussant des colères peu discrètes. L’anxiété de séparation peut également jouer un rôle dans son comportement. Il n’aime pas lorsque vous le laissez seul dans sa chambre au moment de la sieste ou du coucher. Si l’enfant parvient à sortir seul de son lit, il n’hésitera pas à escalader les barreaux pour rejoindre le lit des parents. Il n’est en aucun cas manipulateur. Il passe par une phase normale du développement émotionnel qui doit être gérée en douceur et par une approche cohérente, c’est-à-dire que l’enfant doit toujours être ramené à son lit. La peur de la séparation disparaît en général avant son deuxième anniversaire. Avant qu’elle ne se dissipe, il aura besoin de beaucoup de marques d’attention et de réconfort. Pensez donc à le rassurer le plus possible en journée et pendant la routine du coucher. À cette même période, la poussée des molaires peut s’avérer être une expérience douloureuse, causant des troubles temporaires du sommeil.
La régression à 24 mois
Vers deux ans, beaucoup de facteurs transitionnels peuvent expliquer son changement de comportement. Le petit grandit et tente de s’échapper de son lit à barreaux. Les parents prennent souvent cela comme un signe qu’il est temps de lui acheter un « lit de grand ». Néanmoins, cela pourrait ne faire qu’accentuer les problèmes. Je recommande toujours d’attendre au moins 2.5 ans pour entreprendre cette transition, car les enfants plus jeunes ne sont pas assez matures pour comprendre qu’ils doivent rester au lit. Ils craignaient de manquer un événement important. Ils sont victimes du FOMO (Fear Of Missing Out ou la peur de rater quelque chose). J’ai moi-même pu immortaliser (grâce à la caméra installée dans sa chambre) le moment où ma fille, alors âgée de 22 mois, a escaladé son lit. Si vous êtes confronté.e à une telle situation, expliquez-lui qu’il doit rester sagement dans son lit jusqu’à ce que Papa ou Maman vienne le chercher. Déposez des coussins, un tapis ou un matelas aux abords du lit pour éviter les chutes douloureuses. En plus du passage au « lit de grand », l’apprentissage à la propreté est également une étape de la vie qui perturbe les habitudes d’un enfant et cause d’éventuels réveils nocturnes. À cet âge, certains font déjà l’effrayante expérience de leur premier cauchemar et peuvent exprimer leur peur de se rendormir seul.
Maintenant que vous savez à quelles régressions vous pourriez être confronté.e, il ne vous reste plus qu’à bien vous préparer à passer ses phases de la manière la plus calme possible.
Pensez à faire appel aux associations positives du sommeil pour éviter que votre petit dépende trop de vous. Demandez de l’aide à votre entourage en cas de besoin. Certes, les phases de régressions sont passagères, mais elles peuvent durer de longues semaines. Votre épuisement ou désespoir risquerait de vous pousser à faire appel à des associations négatives (des mauvaises habitudes). Elles pourraient s’avérer des solutions efficaces, mais elles vous desserviront à long terme. Essayez également de vous en tenir le plus possible à son horaire habituel. Par contre, n’hésitez pas à y apporter des changements selon ses besoins en sommeil et à écourter son rituel du coucher s’il montre trop de signes de fatigue. Pour faire face à ces régressions, il est essentiel que ses deux Parents se montrent flexibles tout en restant cohérents dans leur approche, persévérants et patients.
Si cette personne considère que votre enfant devrait être capable de faire ses nuits ou si vous souhaitez obtenir plus d’informations sur la façon d’améliorer la qualité et la quantité de sommeil de votre enfant, prenez rendez-vous pour que nous en discutions. Votre première consultation est gratuite et sans engagement.